Le Père Joe Cini, salésien de Malte, nous aide à comprendre la position des jeunes de cette île méditerranéenne face à la religion. Coup d’œil sur les recherches et les expériences.
Première situation : comportement religieux chez les étudiants universitaires
En avril 1968, un sondage a été réalisé sur la position religieuse et les comportements des étudiants universitaires maltais, sondage commandé par les Services de Recherche Pastorale et de l'Association des Étudiants en Théologie. Parmi les différentes questions, il a été demandé aux étudiants s'ils discutaient de sexualité avec les prêtres. 44 % ont répondu oui.
En avril 2008, prit fin le recueil des données d’un sondage sur le thème « Croyances religieuses et comportements des universitaires maltais » – revues en 2009 – sondage réalisé par l’Aumônerie Universitaire. Les organisateurs n’ont pas senti le besoin de demander aux étudiants s’ils parlaient de sexualité avec les prêtres. En revanche, il leur a été demandé s’ils avaient eu des relations sexuelles au cours de l’année précédente : 44% ont répondu oui.
Les habitudes ont changé en 40 ans !
L'étude montre clairement que les étudiants universitaires choisissent sciemment ce à quoi ils veulent croire dans tout ce qui leur est présenté officiellement par l'Église. Même si 91 % des interviewés se sont déclarés catholiques, seule une minorité considère que le divorce (43 %), les relations sexuelles avant le mariage (24 %) et la contraception artificielle (14,7 %) sont des erreurs au plan moral.
Alors que la majeure partie des interviewés approuve la cohabitation avant le mariage (73,5 %) et la légalisation du divorce (56,7 %), il est intéressant de noter qu'ils ne feraient pas ce choix pour leur propre vie. Un sixième d'entre eux seulement seraient pour le divorce et seulement 5 % pour la cohabitation.
Les sujets abordés ne couvrent pas toute la gamme de la morale catholique. Par exemple, il n'y a pas eu de questions sur le comportement concernant le milieu ambiant, la justice sociale et les réfugiés. Si ces questions avaient été posées, l'enquête aurait peut-être souligné que la prise de distance par rapport à la doctrine catholique sur la morale sexuelle a été compensée par une conscience sociale plus forte.
Les réponses des étudiants universitaires sur la morale sexuelle n'auraient pas été aussi préoccupantes s'il n'y avait pas eu quatre facteurs, dont deux dérivant de l'étude elle-même. Tout d'abord, il faut considérer que la présente étude est la répétition d'une autre étude analogue réalisée en 2005 et les résultats comparés montrent que les chiffres sont en train de glisser vers le bas : à savoir que ce qui était perçu alors comme une erreur ne l'est plus aujourd'hui. La tendance est claire.
Le deuxième facteur est plus préoccupant : c'est la perte du niveau de foi en certains dogmes fondamentaux du catholicisme. Aujourd'hui, moins d'étudiants croient en la Trinité, en Jésus comme fils de Dieu, à l’Incarnation, en l'Esprit Saint, au Paradis et à l'Enfer, en Marie comme Mère de Dieu et en l'Église, pour ne citer que quelques points. La foi en la Trinité a baissé de 18 %, en l'Incarnation de 24 % et dans les sacrements de presque 23 %.
Mais dans cette section, on peut rencontrer aussi un aspect positif : 93,5 % des interviewés croient en Dieu – une baisse de « seulement » 4,5 % par rapport aux données de 2005. Il y a même une forte augmentation du nombre de ceux qui disent que leur pratique religieuse procède d’un libre choix.
Un troisième élément consiste dans le fait que si le même sondage avait été réalisé auprès d'autres tranches d'âge de jeunes, on aurait probablement enregistré les mêmes tendances. Même sur les questions morales, l'opinion des étudiants universitaires serait semblable à l'opinion de la population en général. L'Église devra rechercher si cette impression est vraie ou non.
Le quatrième facteur, le plus grave de tous, concerne la phase suivante, le « suivi». Il y aura quelques « remous » à l'intérieur de l'Église à propos de cette étude mais, tout de suite après, tous continueront à vivre heureux et contents. C'est ce qui est arrivé après la publication de l'étude de 2005, ainsi qu’après la publication des résultats partiels du recensement de la population.
L'Église doit s'engager avec force pour comprendre ce qui est en train d'arriver et adopter une stratégie pour réagir.
Deuxième situation : jeunes apôtres d’ autres jeunes
La jeunesse d'aujourd'hui a besoin de comprendre la foi et la spiritualité en les vérifiant par l'expérience. Les gens ont besoin de se sentir vraiment accueillis dans une communauté et de trouver un climat où croître librement dans tous les aspects de leur personnalité, qui est unique.
C'est aussi ce que Andrew Consiglio – un des fondateurs, en 1987, de « Youth Fellowship » (Association internationale de la Jeunesse) – considère comme la clé pour rejoindre les jeunes d'aujourd'hui. Au cours de ces 25 années d'existence, « Youth Fellowship » a cherché à partager le message immuable de l'Évangile, faisant face en même temps au défi de s'adapter aux tendances de la culture contemporaine des jeunes.
On a également réfléchi sur ce thème pendant le dernier cours organisé sur le thème « Seven, Making Sense Of It All » (Sept, donner un sens à tout). Le cours s'est déroulé sur sept semaines et a offert aux participants, parmi lesquels de nombreux étudiants universitaires, la possibilité d'écouter et de discuter les réponses à sept des demandes les plus courantes sur des thèmes comme l'existence de Dieu, la compréhension de la Bible, l'efficacité de la prière et l'importance de l'Église.
Le cours a commencé avec une fête et s'est terminé avec un week-end de récollection. Comprendre le rapport entre foi et raison et apprendre à développer une amitié personnelle avec Jésus est quelque chose que l'on vit mieux en « compagnie » (fellowship), un élément vital que le groupe a cherché à promouvoir dès ses débuts.
« Grâce à Dieu, à Youth Fellowship, j'ai des amis qui me soutiennent dans ma vie quotidienne et dans ma prière, déclare un jeune universitaire de 20 ans ; ainsi je ne suis pas seul ».
Outre les assemblées, qui avaient lieu le samedi dès les premières heures de la matinée, les jeunes pouvaient se réunir dans un petit groupe, un « cénacle », pour étudier la Bible, prier ensemble et promouvoir des liens étroits d'amitié.
Un des fondements de Youth Fellowship est l'accompagnement des jeunes adultes pour qu'ils deviennent des leaders (guides) et des témoins chrétiens efficaces dans la société d'aujourd'hui. Plusieurs prêtres, religieuses, dirigeants d'entreprises, professionnels et même des personnalités politiques ont parlé du rôle positif tenu par Youth Fellowship dans leur formation et le choix de leurs vocations respectives. Beaucoup d'autres personnes continuent à servir au sein de l'organisation.
Un de ses jeunes membres a décrit l'expérience de sa conversion, survenue au cours du week-end spirituel sur le thème « Venez et vous verrez », comme un « passage de la nuit au jour ». C'est actuellement un des leaders de l'équipe des services, un groupe très actif de quelque 40 jeunes adultes qui se rencontrent régulièrement pour prier et planifier les différents événements.
Pour gérer tous ses nombreux événements au plan de l'évangélisation, de la pastorale et de la société, l'organisation dispose d'un groupe de cinq membres qui coordonnent toutes les activités depuis leur bureau.
L'un de ces membres, mène à temps plein un programme de sensibilisation scolaire « Acts – Announcing Christ to Schools » (Annoncer le Christ dans les Écoles), qui en est désormais à sa 10e année. Un groupe de jeunes volontaires s'engagent durant leur année sabbatique, ou pendant quelques mois de congé professionnel, pour faire partie d’une équipe qui visite les jeunes dans leurs classes et partager avec eux une réflexion sur le sens profond de la vie. En différentes occasions, le programme de Youth Fellowship a étendu sa mission au-delà de Malte, dans des pays tels que le Royaume-Uni, l'Italie, la Pologne et Gibraltar. Au cours de ces 12 dernières années, l'équipe du programme « Living Waters » s’est impliquée dans un projet déjà lancé en Éthiopie où, en plus de récolter des fonds pour construire un complexe résidentiel à Bahar Dar, elle a prodigué un cours d'anglais et de catéchèse.
La musique a toujours joué un rôle central dans les rencontres de Youth Fellowship où les chants de louange et d'adoration sont fondamentaux dans l'expérience de la prière. De ses trois formations musicales, « Salt » est sans doute la plus connue hors du groupe, au moins depuis qu'elle a gagné le « Bay Music Awards » dans la catégorie « Meilleur Débutant » (2009) et le prix de la meilleure formation musicale (2010). Le claviériste de « Salt », qui est en même temps le chef de la formation, affirme que « la différence à propos de la musique que nous jouons est qu’il ne s'agit pas de nous-mêmes mais de Dieu et donc, quand je joue, je prie en même temps ».
Durant toute l'année, on organise régulièrement des célébrations eucharistiques, soit dans la salle principale de réunions soit dans la chapelle du couvent Notre-Dame des Douleurs, que le groupe utilise comme Centre pastoral pour les jeunes. De même, des récollections, des rencontres pour de petits groupes et des activités communautaires se déroulent durant toute l'année.
Publié le 03/10/2012