Italie – Enfants de la rue et dialogue interreligieux |
Bénin – Le Foyer Don Bosco en Coopération avec l’Union Européenne pour la protection sociale des enfants en situation difficile |
(ANS – Cotonou) – Julya été kidnappé et réduit en esclavage. Joël était le chef d’une ‘ gang’ qui séquestrait et vendait les enfants. A raconter leur histoire il y a Sergio Ramazzotti, qui, pour la revue « Africa » a réalisé un reportage sur le phénomène de la traite de mineurs entre le Benin et le Nigeria, Voici quelques extraits.
Autrefois le Benin s’appelait Dahomey et il était connu par la qualité de ses esclaves. Mais les esclaves sont encore le produit principal d’exportation du pays : comme changement il n’y a que l’âge (aujourd’hui les enfants), le moyen de transport (la voiture) et la destination(le Nigeria). (…)
Joël: “ Dans les ghettos de Cotonou chacun a sa spécialité: la nôtre était celle de prendre les enfants : Nous les prenions la nuit, ici dans le quartier, parmi les enfants de la rue ou dans les villages loin de tout » (…)
July : « Je n’oublierais jamais ce qui m’est arrivé. Mes parents avaient des problèmes entre eux.. Un jour mon père m’a dit : demain tu viendras avec moi chez ta grande mère au Nigeria »…
Après avoir travaillé durement pour vivre et faire vivre la grande mère, celle-ci, un jour, le vendit à un couple pour 30.000 naire ( 125 €), pour qui il devait travailler comme esclave. » Il faut souffrir aujourd’hui et espérer avoir quelque chose demain » sont les dernières paroles lui adressées par la grande mère.
July : « Je me réveillais chaque matin à cinq heures et je devais faire les travaux de la maison, puis porter leurs enfants à l’école : Puis je vendais l’eau au marché pendant 10 ou 12 heures, parfois jusqu’à la nuit » (…)
Joël : « Vendre les enfants laissait tout le monde indifférent, ce n’étaient que des enfants de la rue, c’était comme s’ils étaient déjà morts. Certains étaient tués : on les portait au Nigeria et là ils étaient tués pour des rites voodoo. (…)
Joël : « La bande était grande, certains restaient au Nigeria pour tenir les contacts avec les acheteurs. Il y avait aussi deux policiers du Benin. Ils nous prêtaient les uniformes de la police, ainsi il n’y avait pas de problèmes. (…)
July était mal traité dans la nouvelle maison et quand une fois il y eu la disparition d’argent, il a été torturé. Confié comme esclave à un des fils du couple, il fut de nouveau frappé. Echappé plusieurs fois, il parvint à s’enfuir, devenant un enfant de la rue. Enfin, il fut intercepté par les policiers nigériens et remit aux collègues béninois.
Ces policiers, comme d’habitude, le confièrent aux Salésiens qui, au Benin, sont pratiquement l’unique organisation non gouvernementale capable de gérer de tel cas ( ils le font depuis 20 ans, avec des abris éparpillés dans tout le pays, outre un groupe d’hommes qui, au risque le leur sécurité, vont dans les marchés à la place de la police pour démasquer les trafiquants. (…)
Aujourd’hui July a presque complété l’apprentissage de tailleur et il parle correctement le français, qu’il n’avait jamais pu étudier , étant déjà esclave avant d’aller à l’école.
Joël aussi, entre temps, a changé de vie, quand il est devenu papa : « le regardais mes enfants et je pensais : qu’éprouverais-je si quelqu’un mes les ravissait ? »
Tous les deux sont parmi les jeunes rachetés de la traite de la part des Salésiens. Comme 3300 autres mineurs, rien qu’en 2014.
Publié le 04/12/2015