Dans les vingt dernières années, la société slovène a été soumise à de vastes changements qui l’ont touchée en profondeur.

Aux processus de démocratisation, déjà commencés dans les années quatre-vingts, et à l’organisation du pays sur des fondements et des modèles sociaux, politiques et culturels nouveaux et/ou variées, se sont ajoutés les changements produits par la révolution du numérique, avec la dérive individualiste qui en découle, et par l’esprit de consommation qui prend pied toujours davantage.

Alors qu’il y a un peu plus de vingt ans, pour avoir un simple paquet de café, il fallait passer la frontière et faire de la contrebande, la Slovénie vit aujourd’hui une situation opposée : il y a une quantité de supermarchés pleins de tout ce que l’on veut… ce n’est peut-être pas seulement une question de succès. Les étagères archipleines des supermarchés disent une autre mentalité, un autre regard sur le monde et sur soi-même… Ceci n’est pas une analyse scientifique ; mais à partir du vécu quotidien on peut se rendre compte que quelque chose est en train de se produire dans l’esprit des gens, des jeunes.

Même si cela ne peut pas s’exprimer si facilement, il existe cependant une statistique du gouvernement de 2010 qui, sur certains aspects, laisse apparaître la situation des jeunes slovènes. En voici quelques points :

Futurs changements démographiques
D’après certaines prévisions, de 2010 à 2020, le nombre des jeunes entre 15 et 29 ans baissera jusqu’à 20%. En 2050, le nombre des personnes âgées de plus de 65 ans triplera par rapport au nombre de jeunes actuel. Beaucoup de jeunes considèrent que le vieillissement de la population est un problème sérieux et 40% d’entre eux pensent qu’en Slovénie, les séniors sont mieux protégés que les jeunes.

Éducation
Dans la dernière décennie, le pourcentage des jeunes aux études a été supérieur à la moyenne de l’Union Européenne (UE) ; en 2008, le pourcentage des jeunes entre 20 et 24 ans engagés dans des études était le plus élevé de l’UE ; et dans les chiffres publiés l’année précédente, toujours dans le contexte de l’UE, la Slovénie apparaissait comme le pays au pourcentage le plus bas d’abandon scolaire.

Vie numérique et vie sociale
82% des jeunes slovènes utilisent internet une fois par jour environ.
L’usage du tabac parmi les jeunes est en légère baisse mais le nombre de jeunes qui ont fait l’expérience de l’alcool et de la drogue est en augmentation. Dans la décennie 2000-2010, le nombre de jeunes entre 25 et 29 ans vivant avec leurs parents a augmenté d’environ la moitié, passant de 44,4% à 62,2% de l’ensemble.

Religiosité
On remarque les tendances d’une baisse modérée à long terme. La majeure partie des jeunes se déclarent catholiques mais, globalement, les données laissent apparaître une baisse de ceux qui se déclarent tels : de 72% en 2000 on passe à 66% en 2010. Un jeune sur quatre environ se déclare athée (en 2000, ils étaient un peu plus de 1 sur 5). Parmi les autres religions, les orthodoxes et les musulmans comptent environ 3,5% de la population pour chacune des deux religions ; et les protestants sont un peu plus de 1%. De plus, près de 1,5% de la population dit appartenir à d’autres religions.
L’analyse pose aussi la question de la fréquentation de l’église et de la participation liturgique ; 4,9% répondent participer toutes les semaines et 23,5% quelques fois dans l’année.
À la question : « Quelle importance a Dieu dans votre vie ? », sur une échelle de 1 à 10, les jeunes catholiques ont répondu en moyenne à 4,17%, par rapport aux 6,2% des jeunes musulmans et des 5,49% des protestants.

Les valeurs
Il y a eu aussi de légers déplacements en ce qui concerne les valeurs auxquelles les jeunes slovènes croient. La comparaison est encore celle entre l’enquête de 2010 et la précédente de 2000. Les valeurs sont exprimées par ordre d’importance sur une échelle croissante de 1 à 5 :

• Santé      4,74 (4,83)
• Amitié      4,57 (4,73)
• Vie familiale      4,25 (4,57)
• Liberté d’action et de pensée     4,25 (4,52)
• Succès     4,07 (4,40)
• Ordre et stabilité dans la société    4,13 (4,19)
• Protection de la nature     3,96 (4,39)
• Vivre en paix avec soi-même    3,85 (4,03)
• Créativité      3,62 (3,66)
• Biens matériels     3,53 (3,62)
• Vie excitante      3,57 (3,59)
• Maintien des valeurs traditionnelles    3,26 (3,65)
• Avoir de l’autorité, être un leader    2,84 (2,91)
• Avoir prise sur les autres    2,42 (2,39)

En général on ne met pas en évidence de grands changements, mais on peut remarquer que l’intérêt des jeunes se concentre sur des thèmes quotidiens qui touchent immédiatement leur vie. On perçoit aussi l’accent mis sur l’individualisme et la compétitivité comme stratégies pour affronter les situations sociales incertaines et portées au changement dans lesquelles ils baignent.

Avec un regard à grand rayon, on peut percevoir en outre un net déclin de l’intérêt vis-à-vis des grands thèmes sociaux et collectifs (politique, foi, travail) en faveur de thèmes concernant la sphère personnelle (famille, amis, temps libre). Par rapport à 1992 : politique (-17,2%), foi (-8,9%), travail (-8,6%), famille (+1,9%), amis (+7,2%), temps libre (+9,9%).

Publié le 01/08/2012