Thaïlande – L’histoire de la vocation d’un Salésien coadjuteur |
RMG – Lettre du Père Jorge Mario Bertoglio sur le bienheureux Artemide Zatti |
IHS
Buenos Aires, 18 mai 1986
R.P.
Cayetano Bruno, SDB
Buenos Aires
Cher Père Bruno.
Pax Christi !
Dans votre lettre du 24 février, vous me demandiez d’essayer d’écrire quelque chose sur l’expérience que j’ai vécue avec M. Zatti (dont je suis devenu un grand ami), en rapport avec le manque de vocations de Frères Coadjuteurs. Je vous prie de m’excuser pour le retard de ma réponse mais, en ce moment, j’ai vraiment eu beaucoup de peine à trouver un moment de tranquillité pour rassembler tous mes souvenirs et les mettre par écrit. Mais il n’est jamais trop tard…
Et ainsi de suite:
le dix-septième et le dix-huitième, cette année, et sont actuellement au noviciat. Cela signifie que depuis que nous avons commencé à invoquer M. Zatti, sont entrés 18 Coadjuteurs jeunes qui ont persévéré, plus 5 autres qui ont abandonné le noviciat ou le juvénat. Au total: 23 vocations.
6. Les novices, les étudiants et les jeunes Coadjuteurs ont fait plusieurs fois la neuvaine en l’honneur de M. Zatti, pour demander des vocations de coadjuteurs. Moi-même j’en ai fait. Je suis convaincu de son intercession dans notre problème, vu que ce nombre de nouveaux coadjuteurs est un cas exceptionnel dans la Compagnie. En reconnaissance, dans les 2e et 3e éditions de la Dévotion au Sacré-Cœur, nous avons ajouté la neuvaine pour demander la canonisation de M. Zatti.
7. Un fait intéressant est la qualité de ceux qui sont entrés et ont persévéré. Ce sont des jeunes qui veulent être des Coadjuteurs comme le voulait saint Ignace, sans qu’on « leur dore la pilule ». Pour nous , la vocation de Frère Coadjuteur est très importante. Le Père Arrupe disait que, sans eux, la Compagnie n’était plus la Compagnie. Ils ont un charisme spécial qui se nourrit dans la prière et le travail. Ils font du bien à tout le corps de la Compagnie, réclamant de l’exigence. Le P. Swinnen, qui était Maître des novices à l’époque où commencèrent à arriver les vocations de Frères (il a ensuite été Provincial et le revoilà à nouveau Maître des novices) a su leur inculquer, dès le début, le vrai charisme ignacien de la Coadjutorerie Temporelle. Et c’est ce qu’a fait celui qui lui a succédé dans la charge de Maître des novices alors que lui-même était Provincial (P. López Rosas). Les jeunes sont déçus quand ils se voient traités avec des demi-mesures ou des palliatifs dans leur vocation. Ils veulent tous être eux-mêmes (même si parfois ils protestent sur le moment, dans le fond d’eux-mêmes, ils recherchent l’authenticité et non pas des imitations).
Voilà, dans ses grandes lignes, l’histoire de ma relation avec M. Zatti concernant le problème des vocations de Frères Coadjuteurs dans la Compagnie de Jésus. Je répète que je suis convaincu de son intercession, parce que je sais tout ce que nous lui avons demandé, en le prenant comme avocat dans cette affaire.
Rien d’autre à ajouter pour aujourd’hui. Je reste votre très affectionné en Notre Seigneur et en sa Très Sainte Mère.
Jorge Mario Bergoglio, S.J.
(Suite)
8. En relisant ma lettre, je vois qu’il serait bon de compléter le numéro 7 et dire la qualité des jeunes Coadjuteurs. Ils sont pieux, joyeux, travailleurs, en bonne santé. Ce sont des hommes très énergiques et conscients de la vocation à laquelle ils ont été appelés. Ils se sentent la responsabilité spéciale de prier pour les jeunes étudiants jésuites qui se préparent au sacerdoce. En eux, on ne constate aucun « complexe d’infériorité » pour le fait de ne pas être prêtres ; il ne leur vient pas non plus à l’idée d’aspirer au diaconat… Ils savent quelle est leur vocation et ils la veulent ainsi. C’est salutaire et ça fait du bien.