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29/2/2012 - ITALIE - Quelques notes sur la condition des jeunes
Photo Service-ITALIE -  QUELQUES NOTES SUR LA CONDITION DES JEUNES

Thèmes et données pour comprendre le visage des jeunes italiens

La revue italienne « Note di Pastorale Giovanile » (Notes de Pastorale des Jeunes) a publié, en décembre dernier, un article intitulé « Les arcs et les flèches » présentant un portrait précis et authentique de la condition des jeunes Italiens, sur les thèmes de leur vie… et en vue d’une éventuelle intervention éducative.

Cette contribution, due au sociologue Domenico Cravero, se fonde sur les données d’une recherche récente – menée par Eurispes – en Sardaigne, pour le diocèse de Tempio Ampuria, avec un questionnaire sur un échantillon d’environ 2000 jeunes d’une moyenne d’âge de 19 ans.

La vie affective
Il est naturel que les adolescents cherchent à échanger des idées et à recevoir des conseils surtout en se confrontant avec leurs amis. Leurs parents demeurent cependant pour eux un important point de référence. Presqu’un tiers des jeunes s’adresse souvent à papa et maman pour demander conseil (les filles plus que les garçons) ; 1 sur 10 environ le fait constamment. La communication ne s’avère pourtant pas toujours facile : pour certains, il n’y a pas de vrai dialogue, pour d’autres, cela arrive seulement « quelquefois ». Plus de la moitié de l’échantillonnage parle avec les parents de l’école ou des faits de tous les jours. Il est fréquent que l’on ne se dise pas tout et que la confidence soit souvent « partielle ». Les amitiés représentent un important sujet de discussion entre parents et enfants. On confie aux parents ses désirs et ses projets, de manière quotidienne ou occasionnelle. Pour certains sujets, on se confie plus rarement : par exemple le thème de la sexualité ou ses aventures sentimentales.

On ne cherche pas en ses parents « un ami » ni même « un refuge ». Papa et maman devraient être surtout « un guide » et « un exemple ». pour les plus jeunes, au contraire, les parents sont aussi un « soutien » sur lequel pouvoir compter en cas de difficulté.

Fondamentalement, pour la majorité, c’est l’expérience de la vie en couple. Avoir à ses côtés un garçon ou une fille avec qui partager valeurs et centres d’intérêt est vécu comme une occasion importante. Les valeurs de la vie sont, en effet, considérées comme la base sûre pour le choix d’un partenaire, la foi religieuse l’étant beaucoup moins.

École et travail
Pour une bonne partie des jeunes, l’école devrait favoriser l’entrée dans le monde du travail. Elle ne devrait pas cependant ne transmettre que des connaissances mais aussi des valeurs. On va à l’école pour apprendre des choses nouvelles mais également pour être ensemble avec des jeunes du même âge.

Le vrai problème des jeunes Italiens, ainsi que documenté dans la recherche en question, concerne la condition de ceux qui ne font pas d’études ni n’exercent un travail, vivant ainsi la situation la plus humiliante et la plus risquée précisément au moment où le développement de l’intelligence est à son maximum et où les attitudes et les capacités créatives sont prodigieuses… Selon l’échantillonnage interrogé, environ un tiers des jeunes ne fait pas d’études, déjà entre 16 et 19 ans et, surtout, entre 20 et 25 ans. On n’indique pas combien de jeunes, dans la même tranche d’âge, exercent un travail. On connaît cependant les chiffres du chômage des jeunes en Italie… La motivation scolaire s’avère plutôt pauvre : presqu’un tiers de l’échantillonnage voudrait interrompre les études dans un avenir immédiat pour aller travailler ; un autre tiers déclare vouloir étudier et travailler en même temps. Une petite partie de jeunes entre 16 et 19 ans affirme préférer « ne rien faire ». Cette démotivation diffuse est peut-être un des traits les plus inquiétants de la crise de l’éducation dans la famille italienne actuelle qui ne semble pas en mesure de donner à ses propres enfants une « base affective sûre » capable de soutenir leur volonté et leur motivation pour les choix de vie. Par ailleurs, le travail est considéré avant tout comme un facteur d’«indépendance économique». Une petite partie seulement le considère important pour sa propre réalisation. Une nette minorité le considère comme une expérience capable de donner un sens à la vie.

La prise de conscience des difficultés de la situation italienne et de la complexité des défis du marché du travail apparaît plutôt pauvre (Par inconscience ? Par l’assurance d’être de toute façon à l’abri en famille ?). Même en une période de crise économique et de graves difficultés, les jugements optimistes pour l’avenir prévalent chez les jeunes, quoi qu’il en soit. Les jeunes considèrent en majorité qu’ils atteindront presque tous les objectifs pris en considération : trouver un bon travail, accomplir un travail qui plaise. Face à un tel optimisme, le doute apparaît lorsqu’on considère le peu de disponibilité à investir dans la scolarité (moins d’un tiers pense arriver à une licence). La majorité des jeunes désire avoir des enfants mais seulement la moitié pense à se marier. La crise du mariage est évidente dans la perspective des jeunes de l’échantillonnage.

Le temps libre
Dans les réponses concernant l’emploi du temps libre en dehors des engagements scolaires (ou professionnels), deux données intéressantes sautent aux yeux : d’une part la nette préférence pour la maison et la crise des lieux publics (la rue et la place) consécutive à la socialisation des jeunes ; de l’autre, les extraordinaires capacités de s’exprimer, en grande partie sous-utilisées, des adolescents actuels.

Un tiers de l’échantillonnage choisit sa maison comme espace de socialisation. Maison ne signifie pas famille, c’est-à-dire compagnie des parents, des frères et sœurs. Les amis comptent bien mais on peut désormais communiquer avec eux en restant confortablement enfermé dans sa chambre, vu les heures passées chaque jour à communiquer entre « absents ». Un cinquième des jeunes navigue plus de 2 heures par jour, et presque autant plus de 4 heures. 42% utilisent leur téléphone portable plus de 4 heures par jour. L’utilisation du pc dépasse celle de la TV : plus de 4 heures par jours également.

La communication virtuelle augmente au détriment des rencontres réelles : on se retrouve dans la rue, dans les jardins publics, dans les centres commerciaux et dans les gymnases. Les paroisses représentent un espace résiduel (moins de 7%) même si elles dépassent les discothèques. Un cinquième passe son temps en compagnie de son partenaire.

Les jeunes se montrent cependant riches d’intérêts et de passions : plus de la moitié fait du sport, un tiers aime dessiner, un cinquième joue d’un instrument de musique, et un peu moins de 20% est engagé dans le volontariat local. Beaucoup aiment écrire : journal intime, récits ou poésies, ou fréquenter musées et expositions. La musique et le sport intéressent surtout les garçons. Les filles excellent dans l’écriture et la peinture. 22% seulement de l’échantillonnage déclarent ne pas lire de livres autres que les livres scolaires ; les filles lisent davantage que les garçons. Les genres littéraires préférés sont les romans mais aussi les essais.

La religiosité, l’engagement social, les mass-médias
En considérant les réponses sur la religiosité (similaires aux données des autres recherches sociologiques), il serait difficile d’affirmer que l’on se trouve face à une génération incrédule : 7 sur 10 se déclarent croyants. 12% se disent athées et 17% plutôt indifférents. La pratique religieuse aussi semble « faible ». 21% des jeunes se rendent dans les lieux de culte toutes les semaines, 50% quelquefois. L’adolescence achevée, la fréquence augmente, passant de 17,5% (16-19 ans) à 24,6% (20-25 ans). Seuls 8% avouent pratiquer pour faire plaisir aux parents ou parce que les autres y vont. Pour éclairer le rapport que les nouvelles générations ont avec la religiosité, il est nécessaire de souligner l’importance de l’expression esthétique pour ces générations, de considérer les nouvelles formes d’intériorité émotionnelle, et des nouveaux langages de la socialisation juvénile.

On n’exclut pas le fait que la tâche de la paroisse soit la prière, plus que la socialisation. Il est cependant évident que, pour les adolescents, la foi chrétienne est indissociable de sa dimension sociale et caritative. Plus d’un tiers considère que la paroisse doive être un point de référence pour les nécessiteux.

En général, les adultes définissent les jeunes comme « désengagés », dès lors qu’ils admettent être peu ou pas du tout intéressés par la politique (comme eux-mêmes, adultes, la comprennent), et à cause de la difficulté qu’ils avouent à comprendre la situation politique nationale. Mais un tiers de l’échantillonnage affirme parler souvent de politique avec les amis, et un même tiers lit régulièrement les journaux pour s’informer de ce qui se passe en Italie et dans le monde. Ils déclarent écouter souvent ou occasionnellement les débats politiques à la télévision.

Les jeunes s’engagent dans des associations de volontariat (12%), presque autant fréquentent des mouvements scolaires ou des collectifs politiques ; plus du double fréquentent des associations sportives.

Dans l’utilisation de l’Internet, la motivation qui ressort le plus souvent est la recherche d’informations on line. Cependant le web veut dire surtout social network (86%), chat (82%), films sur You Tube (82%), mais aussi achats, jeux vidéos ou lire les blogs.

La télévision reste un média utilisé surtout pour la distraction ou le divertissement. Le jugement est plutôt critique à l’égard de la programmation télévisée : un cinquième des jeunes la voudrait culturellement plus stimulante, voudrait y trouver moins de vulgarité et apprendre quelque chose de plus. Les filles se montrent plus agacées par la vulgarité, la violence et l’ambiance de litiges à la TV. 

Quelques indications éducatives
La masse des données de cette recherche comme de toute autre peut sûrement offrir des stimulants et des suggestions importants pour le travail éducatif et pastoral. Heureusement, l’adolescence et la jeunesse ne sont pas uniquement un fatras de problèmes et d’imprévus ; elles demeurent encore un âge extraordinaire que la plus grande partie des protagonistes traversent sans difficultés particulières, posant les bases de leur maturité future. C’est surtout la capacité de s’exprimer des nouvelles générations qui est une formidable « réserve d’espérance » non encore suffisamment comprise et valorisée.

Les jeunes posent en outre une question claire en demandant des figures de référence, surtout parentales, fermes et solides, sur lesquelles pouvoir compter et qu’ils puissent prendre comme modèles. Une pastorale des jeunes répondant aux exigences qu’ils expriment est inimaginable si elle n’essaie pas de contribuer à consolider la base familiale et si elle ne se traduit pas par la promotion de liens plus profonds et plus stables qui permettent un engagement social plus substantiel et plus concret.

L’Internet se présente toujours plus comme une formidable ressource de communication mais aussi comme un piège possible. La communication virtuelle ne peut remplacer la rencontre face à face dans les rues et sur les places. Il est indispensable d’animer de nouvelles agoras réelles non seulement par l’association mais aussi par l’action.

Les Social Network (réseaux) risquent de devenir des lieux de la banalité narcissique et de la futilité consumériste s’ils n’expriment pas aussi des opinions, des pensées et des passions dérivant d’actions partagées. Qui aime les jeunes et parie sur les sensibilités des nouvelles générations a aujourd’hui de nouvelles opportunités. Qui investit aujourd’hui chez les jeunes obtient encore de grands résultats. Il faut seulement un sursaut de courage.

Article de Domenico Cravero, sociologue, Note di Pastorale Giovanile (Notes de Pastorale des Jeunes), décembre 2011, au titre symbolique : « Les arcs et les flèches »

Publié le 29/02/2012

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