Le père Tomasz Kijowski, délégué pour la pastorale des jeunes de la Province de la Pologne-Cracovie, trace un bref portrait de la réalité polonaise en signalant quelques “entre” qui sont en train de modeler la géographie polonaise et de marquer profondément l’histoire, la culture, les défis et même la spiritualité.

Le travail: entre désir et chômage
Des résultats d’une enquête voulue par le gouvernement polonais, contenus dans le document “Jeunes 2011”, il apparait que le changement plus attendu des jeunes polonais concerne la situation du marché de travail. En effet, le chômage est le problème le plus urgent. Le deuxième, c’est le précarité du travail, due principalement à ce qu’on appelle les “junk contracts” (contrats ordure) qui sont en réalité une forme d’exploitation des jeunes et la cause d’une émigration intense, surtout vers l’Irlande, l’Angleterre et d’autres pays de l'Europe occidentale.

L’émigration entraine deux autres conséquences. La première est due au fait que les parents contraints à émigrer doivent laisser leurs enfants en Pologne. De nombreux enfants ont grandi avec seulement l’un des parents, et pour cette raison ils sont appelés “euro-orphelins”. Cela comporte ensuite une série de difficultés de type éducatif pendant l’adolescence.

Une deuxième conséquence de l’émigration, c’est l’appauvrissement du tissu social; de nombreux jeunes espoirs vont à l’étranger à la recherche d’un avenir meilleur.
 
 
La foi: entre tradition et maturité
La “foi traditionnelle” – entendue comme patrimoine religieux commun, transmis d’une génération à l’autre, tenu pour sûr et souvent non pleinement pris en charge ou approfondi - est désormais presque mort. L’évolution des nouvelles technologies de communication a contribué à créer cette situation; leur influence a donné un nouveau visage également au milieu rural.

D’un côté se fait toujours plus présente l’indifférence à l’égard de la foi, souvent motivée par les infidélités de l’Église, de l’autre on assiste à l’apparition d'une foi mure et engagée, qui doit beaucoup à la catéchèse faite dans les écoles qui, avec les limites du cas, a une forte influence sur le développement d’attitudes de foi conscientes.

Grande la contribution donnée par les moyens de communication qui ont un rôle important. L’hebdomadaire catholique “Gość Niedzielny” (“Invité du dimanche”) est le premier dans le classement des ventes des hebdomadaires polonais; à cela s’ajoutent le groupe médiatique né autour de Radio Maria, les chaines de télévision Trwam et le quotidien “Nasz Dziennik”. Leur dialogue avec la culture de la consommation promue par d’autres médias polonais est très vif, et parfois il n’est pas exempt de tensions, ce qui lui donne également une importance fondamentale pour donner raison de l’espérance chrétienne.

Une dimension importante est constituée par les nouveaux mouvements religieux qui se sont répandus en Pologne – le Mouvement des Focolari, Comunione e Liberazione, Chemin Neuf, Néo-catéchuménat et d’autres - ou nés dans le pays: Ruch Światło – Żyice (Mouvement Lumière–Vie), Ruch Apostolstwa Młodych (L’apostolat des jeunes), Wspólnota Mamre (Communauté Mamre), …

L’Église: entre le communisme et la société civile
Les nouvelles générations, même si elles n’ont pas eu une expérience directe de la Pologne communiste, ont pris de leurs parents quelques attitudes qui sont un lourd héritage du régime. Par exemple, il manque le respect pour le bien commun et il y a une certaine indifférence envers certains problèmes sociaux; il y a souvent des grandes attentes à l’égard des structures de l’État ou sociales et pour finir également le népotisme et la corruption.

L’Église, qui après la deuxième guerre mondiale réussit à faire construire de nombreuses églises, a le mérite de promouvoir les attitudes de citoyenneté active; ce sont précisément les communautés de foi qui promeuvent l’engagement social. De nombreuses organisations de volontariat et non gouvernementales récentes sont en des milieux ecclésiaux.

Il faut en tout cas enregistrer que l’Église a perdu la force unificatrice dans la société dont elle jouissait dans le passé et a du mal à se placer comme autorité morale et spirituelle pour la société polonaise contemporaine.

La famille: entre valeurs et défis
De plusieurs recherches il ressort que depuis de nombreuses années la valeur la plus importante pour les jeunes polonais est famille. Cela pousse les jeunes à la recherche de la personne adéquate pour fonder une famille heureuse. Malgré les déclarations, certaines tendances nocives s’affirment de plus en plus, comme le phénomène de la prostitution des mineurs (ce qu’on appelle le ‘sponsoring’), le choix de vie célibataire, les concubinages et les unions civiles, bien lointaines du rêve d’une famille fondée sur l’amour pour l’époux et les enfants.

Publié le 03/09/2012