(ANS – Freetown) – Àl'occasion de la Journée Mondiale de la Santé (7 avril), M. Lothar Wagner, Salésien Coadjuteur, attire l'attention sur les jeunes de Sierra Leone « qui ont souffert de la mort de leurs parents, subi l'infection d’Ebola ainsi que la stigmatisation sociale qui lui est associée. » De nombreux enfants et adolescents ont aujourd'hui besoin d'une aide intégrale. M. Wagner critique le manque de soutien psychothérapeutique adapté, en rappelant que « la santé ne signifie pas pas seulement absence de maladies et d'infirmités mais concerne également le bien-être social. »
Or le bien-être social manque particulièrement en Sierra Leone actuellement et c'est pour cela que le Salésien demande à la Communauté Internationale de fournir un soutien plus adapté, à moyen et à long terme, aux enfants et jeunes défavorisés. « J'espère que (…) l'on ne va pas assister à un échec dans le domaine psychothérapeutique. Cela entraînerait des conséquences désastreuses pour la reconstruction de la Sierra Leone », déclare le Salésien.
Voici de plus larges extraits de son interview.
Y a-t-il encore aujourd'hui des infections dues à Ebola ?
Nous avons deux à quatre nouvelles infections par jour. C'est nettement moins qu'il y a peu de temps encore. Il y a quelque espoir que cela cesse rapidement. Mais nous autres, Salésiens de Don Bosco en Sierra Leone, nous voyons encore un long chemin à parcourir avant d'arriver à une fin complète de l'épidémie. Nous nous attendons à des temps d'arrêt, même à cause du fait que plus de 20 % des nouvelles infections ne sont enregistrées nulle part et apparaissent inopinément. Et c'est terrible après un an d'Ebola.
Quelle est la situation sanitaire dans le pays ?
L'Organisation Mondiale de la Santé affirme que la santé ne signifie pas seulement absence de maladies et d'infirmités mais concerne également l'ensemble du bien-être, même le bien-être social. Voilà pourquoi nous devons nous rendre à l’évidence qu'un tas d'enfants et d'adolescents n’ont surmonté ni la mort de leurs parents, ni leur maladie, ni la stigmatisation qui y est associée. Et quiconque a expérimenté cette grande souffrance sur place ne peut en être surpris.
Que devrait-on faire ?
De même que médecins et infirmiers diagnostiquent les maladies et leur gravité dans le domaine médical, nous avons besoin de psychologues, de thérapeutes et d'agents sociaux dans le domaine socio-thérapeutique en mesure d'offrir une aide intégrale aux enfants et adolescents traumatisés. Ce sont les jeunes qui façonneront la reconstruction de la Sierra Leone. Ce sont eux qui doivent être remis sur pied tout d'abord. Et sur ce point, peu de choses sont faites, à mon avis. Un tas de jeunes sont livrés à eux-mêmes, avec leurs traumatismes.
Malgré de nombreuses organisations humanitaires présentes ?
Oui. D’après moi, il y a une carence évidente de support psychosocial adapté. Il est terrible de constater que de nombreuses Organisations offrent des aides matérielles à court terme au lieu d'offrir des services psychothérapeutiques à moyen ou long terme. Et c’est d'une importance vitale pour la pleine santé de l'enfant. (…)
Qu'entendez-vous exactement ?
(…) À peine un enfant est-il guéri de l'Ebola qu'il est généralement considéré comme en bonne santé et en pleine forme. Habituellement, on va vite en besogne et l'on ne reconnaît pas que de nombreux enfants sont tout sauf en bonne santé. Et ils sont remis à leurs parents qui se retrouvent dépassés par les problèmes de l'enfant. Certains jeunes finissent dans la rue et font l'expérience d'un nouveau traumatisme. Les Salésiens hébergent actuellement dans leurs Centres de thérapie 45 jeunes lourdement traumatisés. Le pays a besoin de davantage de maisons semblables.
Publié le 7/04/2015