(ANS – Lusaka) – Don Silvio Roggia, Vicaire de la Province d’Afrique Occidentale Anglophone (AFW), actuellement à Lusaka, Zambie, partage avec les lecteurs d’ANS une réflexion sur l’Ebola, sa diffusion et comment faire face à l’émergence.
Dans les aéroports par où je suis passé il était impossible ne pas se confronter avec un dénominateur commun : l’Ebola. Pancartes, contrôles spécifiques pour tous ceux qui arrivent de l’Afrique Occidentale, se désinfecter les mains avant de présenter les documents…Si le virus n’est pas présent dans la majorité des pays, certainement il y a la peur qu’il y arrive.
Récemment Mr. Maite Nkoana-Mashabane, Ministre des Affaires Etrangères de l’Afrique du Sud, qui en ce moment est président, à son tour, de l’Union des Pays Africains, a invité les gouvernements à mettre ensemble la plus grande prudence avec la plus grande coopération. Equilibre difficile : la tendance est de se barricader chez soi et couper les ponts même au niveau international répond à l’impératif de ne pas entrer d’aucune manière dans la liste des pays frappés, même s’il s’agissait d’une seule personne infectée par le virus sur leur territoire.
Mais si cela signifie isoler complètement celui qui déjà se trouve dans des difficultés extrêmes à cause d’une émergence très difficile à gérer pour n’importe quelle nation, il y a le risque que des pays comme le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée s’enfoncent dans une spirale de crise générale, économique, sociale et politique jusqu’à la débâcle. Et si cela se produisait, tout le monde y perdrait. Toute l’Afrique, Tout le monde. Le virus n’a pas besoin de présenter le passeport pour passer d’une frontière à l’autre et si la situation générale devient incontrôlable il n’y a pas de frontières qui tiennent.
Quand on se barricade sur la défensive et on devient indifférent au voisin qui meurt, l’effet ‘boomerang’ ne tarde pas à se faire sentir. Cela a toujours été ainsi. La différence est qu’en cette crise les conséquences de la « non intervention » seraient beaucoup plus lourdes et générales que d’autres crises ont causé dans le passé.
De Monrovia, Josephat, le leader du groupe « Dominic Savio & Don Bosco », nous fait savoir qu’actuellement la situation est telle que le gouvernement et la FIFA songent d’employer un stade comme centre d’isolation pour les patients frappés, du moment qu’il n’y a plus de places dans les hôpitaux, Ils ont besoin de préparer au moins mille places/lits.
Il semble que l’ONU prendra la responsabilité directe de la gestion de l’émergence sanitaire à Monrovia, comme il est aussi en train de réactiver des liaisons, avec ses avions, entre la capitale Monrovia et les pays voisins (les autres compagnies ont interrompu les vols). C’est certainement un signal positif. De même c’est positif le fait que là où il y a assistance sanitaire adéquate dès les premiers signes de maladie et une bonne alimentation, la possibilité de guérir peut arriver jusqu’à 50% (contre les 90% de « fatalité » qu’on enregistrait au début).
C’est cela que sont en train de faire Josephat et son groupe, don Raphael, ses confrères et jeunes à Matadi-Monrovia ; don Paul et les autres salésiens à Freetown ; ce qui fait celui qui est en première ligne en ces hôpitaux : tout cela a une valeur immense et c’est une charité qui « ne finit jamais ». N’importe quelle chose on fasse pour ce frère ou sœur, cela reste pour toujours.
Publié le 18/09/2014