(ANS – Rome)– Aujourd’hui, alors que le monde continue à parler de la guerre, on ne peut pas oublier l’histoire salésienne qui nous rappelle comment, il y a 100 ans, au moment des célébrations du Centenaire de la naissance de Don Bosco, le monde vivait ce que l’on a appelé la Grande Guerre ou « Première Guerre Mondiale » qui s’est déroulée entre 1914 et 1918. C’est le P. Albera, alors Recteur Majeur, qui, dans une lettre du 29 janvier 1915, demanda aux Salésiens de « rester unis et confiants dans la prière », et aux Directeurs et Provinciaux, d’accompagner de près les « Salésiens soldats ».
La lettre du P. Albera abordait deux thèmes : le Centenaire de l’institution de la fête de Marie Auxiliatrice et de la naissance du Vénérable Don Bosco, et le renvoi à plus tard du 12ème Chapitre Général qui devait se tenir en 1916 [et qui se déroulera en 1922, sous le Rectorat du Bienheureux Père Philippe Rinaldi].
Dans un passage sur les conséquences de la guerre, le P. Albera souligne :« Nous espérions tous que cette année – marquée de deux dates mémorables pour notre bien-aimée Congrégation : le Centenaire de la naissance de Don Bosco et de l’institution de la fête de la Très Sainte Vierge Auxiliatrice – nous aurait procuré une très grande joie avec les grandioses solennités qui se préparaient selon les programmes que vous connaissez déjà.
Malheureusement, comme vous le savez, il a fallu renvoyer les festivités publiques et nous contenter, en ces moments de tristesse [la guerre mondiale de 1914-1918], de nous unir, confiants, dans la prière pour implorer la paix pour les pays déchirés dans l’acharnement inouï d’une guerre sans pareille dans l’histoire. Le fléau de Dieu suit son cours implacable et notre Pieuse Société [la Congrégation Salésienne]en ressent les inévitables conséquences.
Pensez un peu, mes très chers, à tant de nos maisons florissantes dans les pays où sévit actuellement la guerre, désertées par les jeunes ou réduites à vivre misérablement. Pensez aux nombreux confrères appelés sous les drapeaux et dont plusieurs ont déjà payé leur tribu à la patrie par le sacrifice de leur vie, et d’autres qui sont encore en danger de devoir le faire, on ne sait quand. Pensez à la vitalité paralysée de tant de peuples neutres où nous avons également des confrères très chers et de nombreuses maisons ; pensez à la phalange de Coopérateurs zélés qui nous soutenaient de leurs bienfaits et qui ne peuvent pas aujourd’hui nous venir en aide, soit à cause des communications interrompues, soit surtout parce qu’ils se voient contraints de secourir d’autres misères plus urgentes causées par la guerre. Pensez encore aux différentes missions qui vivent entièrement des offrandes qu’on leur envoyait à des époques fixes, et vous pourrez vous faire sans doute une idée de mon état d’âme actuel et de celui des autres Supérieurs Majeurs… »
À côté la lettre du P. Albera, il est important de signaler la thèse doctorale du P. Leonardo Tullini (2007) intitulée « Expérience de la guerre et identité salésienne durant la Grande Guerre », où il analyse les caractéristiques de la spiritualité salésienne, montrant comment cette guerre a marqué la Congrégation et sa spiritualité.
Le P. Tullini, évoquant « Les ressources de la spiritualité salésienne face à la guerre », déclare : « Notre recherche a mis en évidence une capacité de réaction proactive et constructive (non seulement réactive et défensive) chez la grande majorité des Salésiens appelés sous les drapeaux. C’est la pensée positive de l’espérance chrétienne qui prévaut en eux et autour d’eux (…). Le P. Albera exhorte les Directeurs et les Provinciaux à suivre de près les confrères partis de leur maison, et à accueillir avec le plus grand empressement ceux qui gravitent dans leur région pour des raisons de service (…). Et ce, pour que les confrères soldats se sentent ainsi soutenus et suivis dans leurs déplacements et changements d’adresse, dus aux différents services auxquels ils sont appelés. »
Il est possible de trouver la lettre du P. Albera sur le site sdb.org.
Publié le 29/07/2014
