(ANS – Goma) – Le père Piero Gavioli, directeur du Centre Don Bosco de Goma-Ngangi, nous met à jour sur la situation dans le Nord Kivu: heureusement ces derniers jours la trêve entre les rebelles et l’armée a été respectée. Le salésien invite toutefois à ne pas réduire l’attention sur la réalité de cette zone et à la faire connaitre, à s’indigner, prier et faire pression sur la conscience des hommes.

Depuis une semaine nous n’entendons plus de coups de feu. La trêve a été respectée. Certains disent que le M23 en profite pour s’approvisionner en armes. L’armée congolaise aussi consolide ses positions. Espérons et prions pour qu’on ne tire plus. La force africaine d’intervention devrait être opérationnelle à la fin du mois de juillet. Nous ne croyons pas que tous les problèmes seront résolus de cette manière; nous demandons à ce qu’il y ait un peu plus de tranquillité, la possibilité de voyager vers le nord, de retourner travailler dans les champs.

Le Centre Don Bosco a repris ses activités normales. Nous n’avons pas accueilli les évacués. Les responsables des organisations humanitaires ont affirmé que le Centre est trop près de la ligne du front; réunir ici quelques milliers de réfugiés aurait signifié les exposer à de grands risques. Une vingtaine d’adultes et quelques enfants s’étaient installés dans la chapelle du quartier: petit à petit ils repartent et rentrent chez eux ou vont dans le grand camp de réfugiés de Mugunga, où l’assistance est mieux organisée. Dans les jours où ils se sont installés près du Centre Don Bosco, nous leur avons fourni l’eau et les soins médicaux aux malades.

Le peuple des évacués, des réfugiés... est aujourd’hui la “chair du Christ”, a affirmé le Pape François le 24 mai dernier aux participants à la Session plénière du Conseil pontifical de la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.

“L’Église est mère et son attention maternelle se manifeste avec une tendresse et une proximité particulières envers ceux qui sont contraints de fuir leur pays et de vivre entre déracinement et intégration. Cette tension détruit les personnes. La compassion chrétienne, ce ‘souffrir avec’, la compassion, s’exprime avant tout dans l’engagement à connaitre les évènements qui poussent à quitter par force sa patrie et, lorsque c’est nécessaire, à se faire la voix de ceux qui ne parviennent pas à faire entendre leur cri de douleur et d’oppression. (…) Leur condition ne peut laisser indifférent. Et nous, comme Église, souvenons-nous que c’est en soignant les blessures des personnes réfugiées ou déplacées et des victimes de trafic que nous mettons en pratique le commandement de la charité que Jésus nous a laissé, lorsqu’il s’est identifié à l’étranger, à celui qui souffre, à toutes les victimes innocentes de la violence et de l’exploitation. Nous devrions relire plus souvent le chapitre 25 de l’Évangile selon saint Matthieu, où il est question du jugement final”.

J’ai récemment été interviewé par un journaliste radio par téléphone, et il m’a demandé: “Que pouvons-nous faire en Italie pour aider les évacués ?”. J’ai répondu: “Avant tout, rompre le silence, en parler, faire connaitre leur situation, ‘s’indigner’ du silence qui les met en dehors des personnes qui ‘intéressent’”.

Le poète grec Elytis disait que “Les poètes n’ont pas la force de changer le monde mais, regardez, ils peuvent changer les consciences et de la conscience on peut passer à l’action”. Un engagement qui nous concerne tous.

Publié le 31/05/2013