(ANS – Teplice) – Le P. Benno Benes, SDB, a été récemment primé avec la « Colombe d’Or pour la paix », en reconnaissance de son travail pour les Droits Humains et en particulier pour la promotion du dialogue tchèque-allemand, dans une région, celle du Nord de la Bohême, qui, après le seconde guerre mondiale, a vu l’expulsion de la communauté allemande de la part des autorités de la Tchécoslovaquie de l’époque, et le repeuplement forcé avec des ex prisonniers, communistes, chercheur de fortune… Voici un extrait d’une interview au lauréat du prix.
Quel est votre lien avec les terres de frontière de la Bohême du Nord ?
Je suis né près de Osek, mes parents étaient originaires du diocèse de Litomerice (Leitmeritz, en allemand). Pendant de longues années j’ai vécu à Prague, d’où, en 2003, le Provincial de l’époque, le P. Jan Komarek, m’a envoyé à Teplice, où je réside aujourd’hui.
Quels souvenirs gardez-vous des temps successifs à la deuxième guerre mondiale)
On porte en soi la pensée qu’ici on faisait beaucoup de mal – pendant le nazisme , mais aussi après la guerre. Je me demande comment serait-il possible refaire ce qui c’est passé. Dans ma famille aussi nous avons expérimenté tous ces événements : une partie de ma famille a dû abandonner les maisons et les champs et s’en aller en Allemagne. Mais je ne me suis jamais résigné à ce «nettoyage ethnique ».
Vous sentez-vous plus Allemand ou plus Bohême ?
Mon papa disait : « Bohême ou Allemand , c’est un discours qui vaut pour le chat. Deviens un homme bon(…) ; cela me plait, être lié à la terre natale et ne pas toujours distinguer selon le principe de la langue.
Comment sont-ils, aujourd’hui, les rapports allemand-bohêmes ?
Cela dépend. Il y a des hommes qui font l’effort pour la réconciliation. Mais la génération présente, qui vit ici, ne connait plus l’allemand. Et s’ils ne connaissent pas la langue, ils ne peuvent pas entrer dans un vrai rapport. En plus, les faits des années après la guerre apparaissent aux yeux de nouvelles générations comme une guerre depuis 1620.
Cela n’a pas été facile pour nous qui sommes restés. Du jour au lendemain il y eu l’arrivée de gens sans morale. La seule chose qui nous tenait ensemble était l’Eglise, la communion avec l’Eglise. Quand dans le diocèse de Litomerice arriva l’évêque Stepan Trochta, SDB, avec ses salésiens, notre vie s’améliora, et pas seulement du point de vue spirituel. Etait arrivé un homme qui avait été dans les camps de concentration des nazis et après dans les camps des communistes. Il était l’autorité, dans ce cas venant de l’Eglise, grâce à qui on pouvait dire : ‘ici je suis de nouveau chez moi, même si ce n’était pas comme auparavant’ ( …).
Aujourd’hui nous pouvons construire quelque chose de nouveau, un nouveau futur.
Publié le 24/03/2015