(ANS – Goma) – Les bombardements pilonnent le Nord Kivu, les innocents meurent, la population terrorisée abandonne les camps de réfugiés, le Centre Don Bosco ouvre encore une fois ses portes, alors que la communauté internationale promet son soutien et sa protection. Le P. Piero Gavioli, Directeur du Centre, écrit que cela s’est déjà vu dans un passé récent, ajoutant : « Et demain ? ».

Hier matin (Ndr. 22 mai), nous avons entendu plusieurs coups de canon, à une  distance rapprochée.  Ils ont continué jusqu’à 11 heures, et même au début de l’après-midi. Puis silence, difficile à interpréter.

Une bombe est tombée dans le quartier Ndosho, près de la paroisse Saint François Xavier. Une fillette de 4 ans a été tuée, un enfant a perdu une jambe, un autre un bras, d’autres ont été blessés. Une autre bombe est tombée vers 15 heures dans le même quartier, tuant un garçon de 11 ans et faisant plusieurs blessés. Il y a eu aussi plusieurs dizaines de morts et de blessés parmi les combattants.

Les bombes tombées près des camps de refugiés de Mugunga ont provoqué la fuite de beaucoup d’habitants du camp : d’après l’Agence France-Presse, 30.000 déplacés auraient quitté les camps. Nous pensons que beaucoup d’entre eux viendront chercher refuge au Centre Don Bosco

Hier matin (Ndr. 22 mai), quand le bruit des bombes s’est fait insistant, nous avons renvoyé les enfants à la maison. Avec d’autres prêtres, nous étions dans la grande salle qui sert de chapelle, en train de confesser les élèves, en préparation à la fête de Marie Auxiliatrice. Quand une bombe a fait un peu trop de bruit, un jeune homme a entonné un chant en swahili, que tout le monde a repris avec ferveur : « Bwana Yesu Mchunga wangu…, Seigneur Jésus, mon berger, garde-moi près de toi, arrache de ma vie la peur, fais-moi parvenir dans la ville céleste de la joie et de la paix… »

En Espagne, il y a un mouvement d’indignés (indignados) contre l’exclusion sociale. En France, il y a le mouvement des veilleurs, pour manifester leur désaccord contre le mariage homosexuel. Je rêve qu’il y ait partout dans le monde des indignés qui se lèvent pour protester contre l’exclusion du droit à la vie et à la paix de millions d’enfants et d’adultes. Nous ne pouvons pas nous habituer à ces choses, nous pouvons au moins veiller, dans la prière et la manifestation visible de notre désaccord.

Aujourd'hui (Ndr. 23 mai), le M23 a décrété une trêve pour permettre la visite à Goma de Ban Ki-moon. Au cours de sa visite de trois heures, Ban Ki-moon a manifesté le soutien de la communauté internationale à la République Démocratique du Congo (RDC), soulignant que l’on ne peut plus attendre pour assurer dans cette région sécurité, respect des droits humains, santé, éducation protection des mineurs et des femmes… Ces paroles resteront-elles sans effet ou seront-elles un programme respecté par tous ?

De fait, la trêve a été respectée, nous avons pu réaliser les activités normales, respecter l'horaire complet des cours, jouer les finales d'un tournoi organisé à l'occasion de la fête de Marie Auxiliatrice. En ville également, la plupart des écoles, banques, magasins sont restés ouverts.

Le Centre Don Bosco Ngangi a été choisi par la coordination de l’aide humanitaire comme l’un des deux sites où acheminer les réfugiés provisoirement. On en saura davantage dans 10-15 jours: si la guerre se résout, les déplacés pourront rentrer chez eux; par contre, si les difficultés continuent, ils seront acheminés vers un champ de réfugiés plus grand et mieux organisé. Nous avons mis à leur disposition les trois grands terrains de football qui entourent le Centre. Les différentes ONG humanitaires dresseront des tentes, creuseront des latrines, apporteront nourriture et eau. Monica, une volontaire du VIS (Volontariat International pour le Développement), assurera la coordination des différentes initiatives d'aide.

Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Nous savons que le Bon Pasteur et Notre Dame Auxiliatrice nous garderont dans leur tendresse et leur miséricorde.

Publié le 24/05/2013