(ANS – La Havane) – « C’était la veille du 8 octobre et en attendant le sommeil, mon imagination courait vers trois candidats à la canonisation : le P. Vandor, le frère Olallo et le P. Varela ; caractéristiques diverses, mais trois motifs d’orgueil et d’espérance pour le peuple cubain ». Ce sont des paroles prises du « Divagaciones en espera des descanso nocturno », écrites par le P. Bruno Roccaro, SDB.
En Varela, j’ai vu le philosophe, le maitre, le patriote, l’exilé, l’intellectuel d’avant-garde, l’écrivain, le vicaire pastoral de New York. De Olallo je me souviens de sa haute, robuste figure, dans la soutane des Frères de St Jean de Dieu, son infatigable dévouement aux malades, ses efforts pour soulager la souffrance, le courage de prendre le corps d’Agromonte. En plus, l’esprit s’entretenait avec le P. Vandor, et naturellement j’allai les confronter entre eux.
Vandor m’apparaissait comme le prêtre simple, noble, souriant, le curé-pasteur du ‘Carmel’. Lui aussi intellectuel comme Varela ; celui-ci pour défendre un système philosophique ou pour créer une conscience politique indépendantiste, l’autre pour enseigner, avec des paroles simples, la foi chrétienne. Comme éducateur, Varela éduqua les jeunes à l’identité cubaine ; Vandor servait les jeunes pauvres de la zone de ‘Villa Clara’ pour en faire de bons chrétiens et honnêtes citoyens, capables d’affronter la vie avec leurs propres ressources, dans le style de Don Bosco.
Je voyais Vandor comme le poète qui ne se réjouissait pas sur ses vers, même en rime, mais il les utilise pour transmettre à ses jeunes l’amour pour la Vierge Marie, pour Jésus Eucharistie, la Croix. Vandor, qui envoyait ses communications, non pas aux principaux journaux du temps, mais à travers de simples tracts réalisés par lui-même.
A un moment, je voyais Varela obligé à l’exil à cause de ses idées d’indépendance, défendues courageusement à la Court de Cadice ; Vandor, je le voyais quitter spontanément sa Hongrie pour annoncer l’Evangile à Cuba. Avec le triomphe de la Révolution, qui se déclarait marxiste-léniniste-athée, Vandor ne fut pas exilé comme beaucoup de cubains, prêtres, religieux et il ne fut pas obligé de partir comme les 134 du navire Covadonga, à cause de leurs idées ou attitudes non conformes au nouveau régime. Il resta à Santa Clara comme l’ange gardien, médiateur de paix, pasteur qui guide et accompagne son troupeau, partageant espérances, joies, douleurs, souffrances, succès…
Les restes de Varela ont été restitués à sa patrie pour être conservés dans une urne près de l’Aula Magna de l’Université de La Havane, honorés comme symboles d’identité et culture cubaine. Les restes de Vandor sont restés à Cuba, dans une simple voûte du cimetière de Santa Clara, près de son évêque et de ses paroissiens, en attendant une demeure plus digne dans la cathédrale de la ville.
Comme le bienheureux Olallo, Vendor s’occupait des malades et des personnes âgées. Pas exclusivement, cependant, bien que ceux-ci fussent les privilégiés de son travail pastoral, des visites aux familles, de son assistance matérielle. Lui-même, frappé par une arthrite rhumatoïde déformante, était pour eux un modèle pour affronter la douleur et la transformer en un instrument de purification pour soi-même et pour les autres.
Ainsi, petit à petit je fus accablé par le sommeil. Au matin, je me suis hasardé à enregistrer ces divagations sur mon ‘computer’ et je les partages avec vous tous.
Publié le 16/10/2015