(ANS – Lares) – « J’ai lu un jour, quelque part : ‘Si tu veux voir les gens vraiment heureux, viens au Pérou !’ J’y suis allée et j’ai vu beaucoup de gent heureux, bien que, selon les gens du premier monde, c’est un pays pauvre, où il manque beaucoup de chose. Comment est-ce possible ? Qui est pauvre ? (…) Vivre avec les enfants sur les montagnes a été pour moi une expérience qui m’a révélé une nouvelle connaissance sur le monde et sur la vie humaine ». C’est le témoignage de Zuzan Citarcikova, volontaire slovaque entre les montagne du Pérou.
Les enfants du haut plateau de Lares m’ont donné leur réponse dans ce bref dialogue :
- Combien de lama as-tu ? Aucun
- Quelques alpaca ? Non plus.
- Même pas de brebis? Aucune.
- Alors tu dois être très, très pauvre.
Quels mondes divers ! Dans mon pays, la Slovaquie, être un berger signifie déjà être pauvre. Les critères de richesse européens ou des pays du nord du monde sont particulièrement liés à l’argent. Il n’y a pas beaucoup de place pour apprécier la richesse et la valeur des animaux ou la nature ou la valeur de la vie elle-même. Il me semble avoir oublié que le bonheur, celui que nous tous nous cherchons, ne dépend pas des choses matérielles, des choses qui passent : je voulais le comprendre toujours davantage, plus profondément ; je remercie tous ceux qui, à Lares, m’ont aidé à le comprendre.
Pourquoi Lares ?
J’ai vécu presque trois mois dans cette ville, à 3222 m de hauteur, bien loin de la civilisation moderne, dans la maisonnette « St Dominique Savio ». Là-bas, chaque dimanche, environ 50 enfants et adolescents viennent de leurs communautés en marchant pendant 3, 4 ou 5 heures. Ils laissent leurs parents, leurs brebis et lama pour aller à l’école toute la semaine. Je pense toujours à ces enfants : comment est-ce possible qu’à 6 ou 7 ans ils puissent rester tant de jours loin de la maison ? Comment se sentiront-ils la nuit ? Ne leur manquera-t-il pas l’affection et l’amour de leurs familles ? Et en fermant les yeux je vois devant moi leurs petites têtes avec les cheveux noirs , les yeux pleins de joie, les joues rouges à cause du vent, du froid et du soleil des montagnes ; et, naturellement, je vois les ‘Chaki ‘ (pieds) nus , avec les seuls sandales. Je vois sourires et couleurs. Et je me sent heureuse. Non, ces enfants ne sont pas pauvres. Ils sont capables de rire, d’aimer, de s’aider les uns les autres. Ils sont humbles, ils ont beaucoup de talents et grand désir d’apprendre. Et en plus, ils savent rendre grâces à Dieu et aux gents, et vivre ensemble avec respect comme dans une famille.
Vivre avec les enfants au milieu de ces montagnes a été une expérience qui m’a révélé une nouvelle conscience sur le monde et sur la vie humaine. Pas tout est comme je pensais. Le ‘maïs’ n’est pas seulement jaune, le nord peut bien signifier un lieu où il fait plus chaud et, enfin, être un pasteur ne signifie pas nécessairement être pauvre.
En laissant la maisonnette j’espère que Marleni, connue comme ‘fille difficile’ continue à protéger sa petite sœur Reyna ; que Urbano exploite bien ses talents pour la peinture ; que Luis Felipe ne cesse pas de poser des questions philosophiques et que Yeni puisse, un jour, fêter son anniversaire avec une tarte à la confiture, que Herman puisse chanter et danser avec son balais, qui est plus grand que lui. J’espère que tous ces enfants ne perdent pas leur trésor le plus précieux : la joie de leur cœur pur.
Publié le 13/06/2014