(ANS – Juba) – Gumbo, petit village près de la capitale, Juba, est un lieu emblématique de quelques uns de grands défis du Sud-Soudan et de ses problèmes, fruit de mois de violences qui ont provoqué de centaines de milliers – un million peut-être – d’évacués et une crise politique qui semble empirer sans arrêt. Sur cette réalité, le ‘National Catholic Reporter’ a récemment publié un article, repris ensuite par le site sud-soudanais ‘Gurtong’.

Significative est la question des évacués. A Gumbo il y a environ 120 familles échappées à diverses violences ; elles se sont établies là-bas dans les trois derniers mois, sur un haut plateau poussiéreux qui offre une très belle vue sur Juba et les collines Nisitu.

Le camp est quelque chose d’absolument dégarni : une installation de tentes reçues, avec la nourriture mise à disposition chaque semaine par les Salésiens et des habits avec les visites pastorales régulières assurées par les religieuses de St Paul. C’est un lieu exposé et vulnérable, sans protection contre vents et pluies de la saison qui vient de commencer.

Il y a quelques éléments positifs : par ex. le camp n’est pas excessivement surpeuplé – à différence de celui de Tomping, et pour cela blâmé par les organismes internationaux. Et pourtant il ya quelque chose à Gumba : un silence désespéré ! Il est léthargique, sans énergie, et cela à cause des expériences vécues par les résidents du camp. Exception faite pour quelque militaire occasionnellement de passage, il n’y a pas d’hommes ici : c’est un camp de femmes et enfants évacués à Juba à cause de l’insécurité et les violences subies dans la ville de Bor. « Nous ne savons pas ce qui s’est passé pour les hommes », nous dit Christina Atoo, jeune de 20 ans, mère de deux enfants.

La situation pourrait empirer d’un moment à l’autre. Des fonctionnaires des Nations Unies, qui d’habitude n’ont pas une attitude pessimiste, ont affirmé, récemment, qu’environ un million de personnes pourraient se trouver devant une situation de famine si on n’intervient pas rapidement au Sud Soudan. A la racine du problème il y a l’exode massif de réfugiés et évacués internes, obligés par les circonstances à abandonner leurs terres et cultures.

Ce qui semble frustrer surtout les Sud-soudanais est le sens de défaite : après de dizaines d’années de guerre avec le Soudan pour avoir l’indépendance – obtenue finalement en 2011 – les récentes violences ont fortement ébranlé le jeune pays, qui ne semble jamais pouvoir sortir de la condition de retard et entrer dans une époque de normalité.

Depuis deux ans les Salésiens dirigent un Centre de Formation Professionnelle à Gumbo. Ils ont eu de la peine pour trouver éducateurs et instructeurs, et quand, en décembre dernier, on commençait à voir les premiers résultats, la guerre a éclaté. Depuis, le nombre d’étudiants est en diminution, même s’il y en a encore 150.

Don Joseph Nguyen Duc Can, SDB, missionnaire vietnamien, souligne qu’au-delà des problèmes  politico-militaires, il y a aussi des problème économiques structurels. Les étudiants sont formés professionnellement, mais il n’y a pas assez de postes de travail  et une société capable de les accueillir. « C’est le défi de nos étudiants ici ». La stabilité politique  pourrait apporter certainement une croissance économique : «  S’il y a stabilité – continue don Duc Can – cela ira bien. Mais il faut d’abord l’avoir ».

On peut lire ici l’article complet en anglais.

Publié le 08/05/2014